Thals Volmar

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Lettre à M. X

 

28 Septembre 2024

 

Par Thals Volmar

 

 

Les jours de l’année avancent, je me suis assis sur une chaise dans un petit coin, essayant de faire choses qui valent, j’ai entendu dehors des bruits, on dirait un tumulte où l’on ne peut pas distinguer les voix des hommes de celles des femmes, ainsi pour les enfants et les vieillards, je suis resté, comme si de rien n’était, le front baissé sur une feuille blanche en cherchant l’inspiration ; hélas ! aucune inspiration ne m’est venue, en guise de cela, je suis troublé en mon esprit, car le tumulte entendu n’est plus alors un tumulte, mais des plaintes et des gémissements venus de toutes parts.

 

Alors je me suis levé, je déplace vers la porte de sortie, et dehors étant, au bord de rue, je vois des pierres qui sont dans la douleur, je regarde devant et sur l’allée vers les monts, je vois des arbres qui frémissent, car, hélas! ils n’ont pas de bouche pour crier; et parmi les plaintes et les gémissements qui proviennent  des cœurs meurtris et des lèvres tristes, j’entends ceux des enfants qui sont menacés et qui se trouvent dans la peur, et leur visage est blême ; j’entends ceux des vieillards qui appellent au secours, et les indignés eux-mêmes; j’entends ceux des hommes et des femmes qui sont blessés et humiliés, et quelques associations de gens que les intentions sont bonnes et qui, tout bas et sans effet valable, élèvent la voix, et les malheureux eux-mêmes ; il y en a également ceux des malades, des femmes enceintes, des nourrices, et les nourrissons eux-mêmes. À ce point, j’étais et je suis encore troublé, l’esprit divin a secoué mon esprit de poète, et puis ils ne se font qu’un ; et puis il me dit : « Parle » et je suis encore troublé dans mon esprit, et mon cœur est très triste ; je suis faible dans l’âme, et il me dit encore : « Parle, il se peut qu’on ne t’entende pas, mais à coup sûr ta voix sera entendue. » J’appelle mes larmes, mais elles ne sont plus, et triste et courageux, je prends la parole :

« Haïti est déjà tombé dans la barbarie, il se peut que les États-Unis lui emboîtent le pas. Mon regard ne se porte pas sur moi, car à 33 ans j’ai déjà connu les douleurs de la terre, j’étais là humilié et malheureux, et partout où j’allais, j’étais humilié et malheureux si bien je disais pourquoi ces humiliations ? Eh bien à cause des mortels façonnés d’argile qui n’ont que 80 années pour se délabrer et puis disparaître, et qui pensent qu’ils sont les maîtres légitimes de la terre parce qu’ils sont blancs ou riches ; ils sont nombreux, mais tous les blancs et riches ne sont pas hautains ; et c’est contagieux parce que ça se répand même parmi les non-blancs, et c’est inguérissable parce ce que c’est une maladie et parce que cela a continué à travers les âges. Je ne me vois pas, mais les douleurs des enfants, des femmes enceintes, des nourrices, vieillards et malades qui souffrent et qui souffrent davantage parce qu’ils sont Haïtiens ou, du moins, parce qu’ils sont noirs ou, du moins, parce qu’ils sont pauvres. Ô Dieu ! ils nous haïssent, partout où nous allons, ils nous humilient et ils nous martyrisent, quand ce n’est pas une tête vide perdue dans un fantasme d’être blanc qui dit des mensonges contre nous et qui crachent à chaque instant des balivernes et des invectives sur nous, c’est une tête à cervelle délirée sous l’effet de la cocaïne qui nous attaque par désir d’appartenance. Où est passée l’Organisation des Nations Unies, cette mascarade ? Où sont passés les droits de l’homme ? En République Dominicaine, ils prennent des nourrices et celles qui viennent de subir la césarienne sur leur lit à l’hôpital, ils guettent des malades et femmes enceintes devant les barrières des hôpitaux pour les renvoyer chez eux comme des objets ou, du moins, des bêtes. Ô Dieu, attends-tu qu’ils nous éliminent tous pour que, revêtus de robes blanches devant ton trône, nous criions justice en tout temps ? Ils viennent chez nous, ils font leurs besoins, ils tuent notre chef, ils donnent pouvoir et puissance aux bandits et malfaiteurs, et ceux-là eux-mêmes violent nos enfants, ils nous tuent, et malheureux innocents, pour nous sauver, nous sommes arrivés chez eux, ils nous humilient, ils disent que nous sommes responsables de tous les maux et maladies de la terre, et comme à la chasse, ils nous courent après. Et pourtant, nous étions toujours bons envers eux, sans exception sur le continent et, dans une certaine mesure, le monde ; quand nous n’avons pas bataillé pour eux, nous avons bataillé à leurs côtés pour des causes justes, nous avons négligé nos vieillards pour prendre soin de leurs vieillards, et nos enfants pour prendre soin de leurs enfants. Aujourd’hui, c’est plus que contagieux, de pays en pays ça se poursuit, ceux qui se montrent les plus hostiles et les plus odieux aux Haïtiens prendront le pouvoir ; toutes les démagogies, toutes les politiques internationales se font sur Haïti. Ô Dieu, que doit-on faire ? Notre pays est insupportable et le monde externe ne nous fait pas bon accueil. Ils cherchent à nous faire passer pour des sauvages, et pourtant ils ne pourront jamais le faire. »

Je ne perds pas le fil du titre de cet écrit, mais je suis contrarié, alors M. X, la nouvelle se répand que vous profitez de votre atout économique pour contrecarrer la loi comme ça se passe au Brésil, et pour appuyer des mensonges qui porte atteinte à tout un peuple, et souvent on vous accuse d’être arrogant et de n’être pas philanthrope et bon envers votre pays d’origine, eh oui, ça se voit, vous étiez en quête d’appartenance. Alors laissez-moi vous dire : Il y avait un homme, un enfant ordinaire il avait été, il a grandi dans un pays où l’on martyrisait et massacrait les noirs, il est allé dans un pays appelé Terre de Toutes les Nations, et par chance et non par sagesse, il est devenu riche. Toujours en quête d’appartenance, il cherchait à humilier un groupe ou race au profit d’un autre, il se prenait pour le nombril du monde, car le désir du passé de son pays d’origine était toujours vivant en lui, et tellement poussé par ce désir, il devient écervelé, tête brûlée, il a attaqué les enfants, les pauvres, les gens vulnérables qui sont devenus plus vulnérables à cause de lui, ô Dieu ! il oubliait qu’il était un homme, un simple homme comme tous les hommes le sont ; hélas ! il fumait de la cocaïne, il mangeait ce qui est interdit, et on n’entendrait plus parler de lui, et son nom demeurerait gravé sur le mur des imposteurs.